novembre 11, 2019 Histoire Aucun commentaire

Etymologie

-Histoire.

                        Elle dominait jadis fièrement la vallée de l’Hermeton, cette petite forteresse,dont les ruines s’accrochent désormais avec désespoir au rocher… Pour ne pas déranger,cette vieille dame de haute noblesse, fatiguée de toutes ces armées en campagne qui ravageaient jadis le pays, nous raconte son histoire à voix basse :

                        Les premières traces d’habitat ou de campement sur le territoire de Sautour sont localisées au lieu-dit « Trieu al Priefse », sur la route qui quitte le village pour se diriger vers Merlemont. Par prospection de surface, les membres d’archeophil ont découvert de nombreux microlithes datés du magdalénien récent, soit environ moins 10.000 ans avant notre ère.  Protégé par l’adret du Bois Saint Lambert, ce coteau exposé au sud domine la vallée de l’Hermeton et l’endroit devint sans doute un campement de chasse permanent jusqu’au néolithique..Cependant, faute de fouilles archéologiques, personne n’a pu le certifier. C’est pourtant là, qu’en 1905, l’Abbé Magniette situe le vieux village dans son essai : « Sautour, le Vieux et le Nouveau ». Ses souvenirs sont confortés par la découverte en 1989 d’une fosse à briques à l’orée de cette forêt ainsi que par de nombreux débris de construction (tuiles, briques , poteries et schistes).  Intrigué par l’éperon rocheux tout proche, Napoléon III crut y localiser le célèbre oppidum de attuatiques de la « Guerre des Gaule » et délégua une mission de fouille sous les ordres du commandant de Loqueyssie.

                        Lorsque les romains envahissent nos contrées, ils y bâtissent chaussées et villas… La ferme du Vieux Sautour a sans doute été bâtie sur les ruines de cette villa qui bénéficiait de la proximité du ruisseau et des bonnes terres de culture au lieu-dit « La  Couture ». Cette époque est marquée par l’exploitation massive des « Chapeaux de fer » qui couvrent nos nombreux gisements de Pyrite/baryte et par l’ampleur du site archéologique de Vodecée situé au croisement de trois chaussées antiques. Pas moins de 10 bas fourneaux y ont été découverts ! Durant la pax romana, cet essor industriel a sans doute aussi profité au village mais pourrait-on imaginer que des troupes romaines aient été cantonnées sur l’éperon rocheux ?  Le vaste chantier de construction de la forteresse a sans doute détruit toute trace de ce passé mystérieux mais que dire de cette porte fortifiée que nos habitants continuent de désigner sous le vocable «Porte romaine» ?  Certains esprits chagrins affirmeront quelle est romane bien que Monsieur Meurice ait découvert une construction quasi identique à Saturnia en Italie.  L’entrée Sud de notre forteresse en serait-elle une réplique construite sous les ordres d’un centurion nostalgique ? Jamais nous ne pourrons analyser les mortiers originels car cette entrée fortifiée fut démontée et reconstruite vers 1890…Que dire aussi de quelques claveaux de terre cuite estampillées « XXI » maçonnés dans une allée de jardin près de l’église, ou encore d’une vieille tour écroulée à proximité du Vieux Sautour (et donc de la villa), mentionnée sur un plan de concession de mine de 1857…Comme beaucoup de sites romains sur l’axe Philippeville/Agimont, notre villa a certainement été dévastée par les « Chauques » en 176/177.

                        Ces invasions successives de peuples germaniques finiront par anéantir l’empire romain et  quelques marchets ( tombes mérovingiennes) sur le plateau du Bois Saint Lambert témoignent de la présence de ces envahisseurs .  Au VIIeme siècle, Saint Lambert évangélise rapidement nos contrées et christianise les populations païennes.  Une source, à l’orée de ce bois, porte encore son nom. L’Abbé Magniette, dans son récit, précise que la chapelle de notre cimetière n’est autre que le choeur de l’église ancestrale du vieux village et que les matériaux de la murailles d’enceinte proviennent des ruines  de cette construction.  Selon lui, Sautour qui absorbait Cerfontaine, Senzeille, Neuville-le-Chaudron et autres localités voisines, serait l’une des plus anciennes paroisses du Pays. Il faudra attendre le  8eme siècle pour que Charlemagne rassemble, de haute lutte, tous les territoires conquis par les roitelets germains…

                                    Bien qu’à l’origine de l’Europe, son empire sera pourtant partagé entre ses 3 petits fils, aliénant notre petite localité  aux territoires de l’Est. Nous allions appartenir longtemps au Saint Empire de la Nation Germanique… 

                        Le moyen âge s’installe progressivement avec ses suzerains, vassaux et ses «Tours de Chevaliers» imposantes qui remplacent progressivement les mottes castrales.  En 972, l’Empereur Otton II cède plusieurs fiefs à Notger qui les rassemble en une principauté (enclave dans le Saint Empire Germanique).  Il prendra le titre de Prince Évêque de Liège et de facto, Godeschalc de Morialmé, premier seigneur connu de Sautour, en sera vassal.  Il scelle ainsi notre destinée pour près de 10 siècles…En effet, Sautour situé à quelques lieux de la frontière qui sépare le Saint Empire du Royaume de France , sera le théâtre permanent d’ incursions expansionnistes françaises durant les  6 siècles à venir…L’Empereur conscient des faiblesses de ses frontières sur la trouée de l’Oise,  ordonne les premiers travaux de fortifications sur la baronnie de Sautour et les travaux  débutent sur un plateau qui développe  près de 1000 mètres de remparts. Cependant, cette forteresse ne dépendait pas du seigneur local et tous les commandements émanaient de la châtellenie de Dinant aux ordres du Prince Évêque.  Abandonnée de temps à autre par le pouvoir central, la forteresse fut parfois le refuge de seigneurs félons ou de bandes de brigands mais le castrum fit face à ce couloir d’invasion sans trop de dommages jusqu’en 1554. 

                                    Cette année là, Charles Quint, Empereur du Saint Empire Romain Germanique, prend la décision de Bâtir Philippeville sur le territoire de Corbigny. Le vieux castrum bien incapable de résister à l’attaque de canons est presque livré à lui-même . Les troupes qui y sont cantonnées  protègent pourtant la nouvelle construction mais en 1555, Sautour doit contenir plusieurs assauts  des troupes d’Henri II.  De toute évidence, la forteresse  subit une canonnade sur son flanc Nord/est dont les flanquements ont littéralement été pulvérisés, mais les sources sont confuses et contradictoires…Malgré de nombreuses recherches, nous sommes bien incapables de dater cette dernière offensive.  Ruinée, notre baronnie fut progressivement abandonnée et les villageois trouvèrent asile à Philippeville, bien qu’en 1573, Jean de Mérode ait accordé le statut de « Ville Franche » à la localité, l’exemptant ainsi de nombreux impôts et corvées. 

                                    60 ans plus tard, quelques courageux reviennent y bâtir de nouvelles demeures de pierres avec les matériaux récupérés, gravés parfois d’un {13-millésime}…. en 1659, Louis XIV et Philippe IV  d’Espagne signent la paix des Pyrénées mettant ainsi fin à la guerre de trente ans. Par ce traité, les Places fortes de Mariembourg et Philippeville deviennent enclaves françaises et Sautour redevient une frontière d’état entre France et Pays de Liège.  Par la suite, hormis durant la courte période autrichienne, nos contrées sont constamment traversées par les armées françaises en campagne sans que Sautour soit particulièrement concerné mais le 25 janvier 1690,  l’Intendant du Hainaut donne l’ordre de procéder à la  démolition des fortifications, notamment des tours Colson et Bruslée.

                        La révolution française impose la création du département d’Entre Sambre et Meuse. C’en est fini de la Principauté de Liège et des privilèges de la noblesse….Le Comte Balthazar Philippe de Mérode, Baron de Sautour sera le dernier seigneur de Sautour, ce qui ne signifie pas qu’il ait perdu la propriété de ses biens !  Lorsque Napoléon perd la bataille de Waterloo, les grandes puissances européennes  imposent une domination hollandaise.  Ils sont chassés lors de la révolution belge en 1830 mais de nouveau, le gotha européen nous impose sa volonté :  nous serons indépendants si nous refoulons nos idéaux républicains  et faisons choix d’un Roi…..Nos campagnes sont jonchées de pièces de monnaies ou de boutons d’uniformes de cette époque.  Lentement, les fortifications s’écroulent les unes après les autres… Sur une gravure de Cloel en 1825, nous remarquons que le donjon ou « Grande maison » est toujours coiffé de sa toiture. Sur une autre de 1840, la partie supérieure effondrée n’est déjà plus représentée. 

                        Sautour, malgré ses morts pour la patrie, a moins souffert des deux guerres mondiales que de nombreux villages de l’Entité. Durant la guerre 1940/1945, les allemands ont installé des baraquements au lieu-dit « Le camp des Boches » et deux appareils alliés se sont écrasés dans nos campagnes.

Written by AdminSautour